L’utilisation des environnements gérés (Managed Environments) dans Microsoft Power Platform est une évolution majeure pour les entreprises cherchant à mieux contrôler leurs applications et leurs ressources. Mais qu’apportent-ils réellement par rapport aux environnements non gérés (Standard Environments) ? Quels sont les avantages et les limites de cette approche, notamment en termes de gouvernance et de gestion du cycle de vie des applications (Application Lifecycle Management – ALM) ? Cet article vise à explorer ces aspects en profondeur, avec des exemples concrets d’impacts sur l’adoption, la sécurité, et la maintenance des applications d’entreprise.
1. Environnements gérés vs non gérés : Quelles différences ?
Un environnement non géré est un espace flexible où les créateurs d’applications et de flux Power Automate peuvent librement développer, modifier et publier leurs solutions. Il est souvent utilisé dans des contextes de prototypage ou pour donner une plus grande autonomie aux équipes.
Un environnement géré, en revanche, introduit des contrôles supplémentaires et permet aux administrateurs d’appliquer des règles de gouvernance strictes. Il est conçu pour favoriser une approche structurée et sécurisée du développement dans la Power Platform.
Parmi les fonctionnalités clés des environnements gérés, on retrouve :
- DLP (Data Loss Prevention) avancé : Appliquer des politiques de sécurité plus restrictives.
- Gouvernance et analytique renforcées : Meilleure visibilité sur l’usage des applications.
- Contrôles sur la prolifération des applications : Limite la création anarchique de solutions.
- Surveillance des ressources : Permet de mieux gérer les licences et l’utilisation des connecteurs premium.
2. Avantages des environnements gérés
2.1. Meilleure gouvernance et conformité
L’un des principaux avantages des environnements gérés est la mise en place d’un cadre de gouvernance centralisé. Les administrateurs peuvent appliquer des politiques DLP spécifiques, empêchant l’utilisation de certains connecteurs non autorisés (ex. : empêcher l’export de données vers Google Drive ou Dropbox).
Exemple concret :
Dans une grande entreprise du secteur financier, l’utilisation de Power Automate a explosé. L’entreprise a dû imposer des règles strictes pour éviter la fuite de données sensibles. Avec un environnement géré, elle peut bloquer l’accès aux connecteurs à risque et garantir que seules les API internes sont utilisées.
2.2. Meilleure gestion du cycle de vie des applications (ALM)
Les environnements gérés imposent l’utilisation de solutions (solutions managées), ce qui permet un meilleur suivi des versions, des déploiements et une intégration plus facile dans un pipeline DevOps.
Exemple concret :
Une entreprise implémente une application Power Apps de gestion des congés. En utilisant un environnement géré, elle peut déployer l’application en test avant de la pousser en production, garantissant ainsi un contrôle qualité strict.
2.3. Contrôle de la prolifération des applications
Les environnements non gérés encouragent souvent un développement non structuré, où les utilisateurs créent des applications sans suivi. À long terme, cela crée une dette technique et rend difficile la gestion des ressources.
Exemple concret :
Une entreprise a découvert qu’une centaine d’applications Power Apps étaient utilisées en production sans documentation ni propriétaire officiel. En activant les environnements gérés, elle a pu restreindre la création d’applications aux équipes IT ou aux métiers ayant reçu une formation certifiée.
3. Inconvénients des environnements gérés
3.1. Moins de flexibilité pour l’innovation rapide
Un inconvénient majeur des environnements gérés est leur rigidité. Les restrictions imposées peuvent freiner l’innovation, car les créateurs citoyens (Citizen Developers) peuvent se retrouver limités dans leurs expérimentations.
Exemple concret :
Dans une entreprise du retail, une équipe marketing voulait rapidement tester une application Power Apps pour améliorer l’expérience client en magasin. Les restrictions des environnements gérés les ont obligés à passer par l’IT, rallongeant ainsi le temps de mise en production.
3.2. Complexité de la gestion des solutions managées
Les environnements gérés imposent l’utilisation de solutions managées, ce qui signifie qu’une fois une solution importée dans un environnement, elle ne peut plus être modifiée directement. Cela peut poser des problèmes pour les équipes habituées à des développements plus agiles.
Exemple concret :
Une PME ayant développé une solution Power Apps en environnement non géré a décidé de migrer vers un environnement géré pour des raisons de conformité. Résultat : elle a dû repenser toute sa méthodologie ALM, car les solutions managées empêchaient certains ajustements rapides.
3.3. Surcoût en licences et en administration
Bien que les environnements gérés apportent un meilleur contrôle, ils nécessitent plus de suivi et d’administration, ce qui peut générer un surcoût en ressources humaines et en licences.
Exemple concret :
Une entreprise a décidé d’adopter les environnements gérés mais a dû former son équipe IT pour gérer les politiques DLP et les solutions managées. De plus, certaines fonctionnalités avancées nécessitent des licences Power Platform premium, augmentant le coût global.
4. Impacts sur la gouvernance et le cycle de vie des applications
Critères | Environnements Gérés | Environnements Non Gérés |
---|---|---|
Sécurité & Conformité | Forte gouvernance avec DLP | Risque élevé de non-conformité |
Contrôle du cycle de vie (ALM) | Solutions managées pour un déploiement structuré | Absence de contrôle sur les versions |
Innovation rapide | Moins de flexibilité pour les Citizen Developers | Création rapide et agile |
Visibilité et suivi | Meilleure traçabilité des applications | Applications éparpillées sans suivi |
Coût & Administration | Besoin d’expertise et licences premium | Moins d’administration, coûts réduits |
Conclusion : Quelle approche adopter ?
Le choix entre environnements gérés et non gérés dépend largement des besoins de l’organisation.
- Pour les grandes entreprises : Les environnements gérés sont souvent recommandés pour assurer la conformité, la gouvernance et un cycle de vie bien structuré.
- Pour les PME et les Citizen Developers : Les environnements non gérés offrent une meilleure agilité mais nécessitent une gouvernance plus proactive pour éviter le chaos.
- Une approche hybride ? Certaines entreprises adoptent une stratégie mixte, avec des environnements non gérés pour l’innovation et des environnements gérés pour la production.
En définitive, la maturité en gouvernance Power Platform et le niveau de contrôle requis guideront la décision. Une bonne stratégie consiste à démarrer avec un environnement non géré pour tester des solutions et à migrer vers un environnement géré lorsqu’une application devient critique pour l’entreprise.