L’introduction de l’intelligence artificielle (IA) dans le monde du travail, via des technologies comme ChatGPT, Microsoft Copilot, ou encore des systèmes d’automatisation intelligents, soulève de nombreuses questions.
Parmi elles, la plus centrale semble être : « Est-ce que je vais perdre ma job ? (C’est l’expression qu’on utilise au Québec :)? ». La réponse courte est: Oui, mais pas plus qu’avec n’importe quelle autre innovation technologique ou industrielle. Et surtout moins qu’avec des décisions politiques souvent beaucoup plus lourdes de conséquences en matière de destruction d’emplois.
Pour répondre à cette question, il est crucial de revenir à la base et comprendre l’objectif fondamental d’une entreprise : générer du profit.
Ce principe guide toutes les décisions, y compris l’adoption de nouvelles technologies comme l’IA. Ce n’est pas une question de savoir si ces technologies vont être utilisées, mais plutôt quand et dans quelle mesure elles transformeront les processus de travail.
Et OUI, inévitablement, cette transformation aura un impact sur votre emplois. Cependant, cette évolution technologique s’inscrit dans un long historique de changements, plus ou moins importants. qui ont redéfini la nature du travail.
Le but ultime des entreprises : maximiser les profits
Avant de se lancer dans une analyse détaillée de l’impact de l’IA sur l’emploi, il est nécessaire de rappeler que, fondamentalement, le but de toute entreprise est de générer du profit. Toutes les actions entreprises par une société, qu’elles concernent la production, le marketing, ou l’organisation interne, sont motivées par cette finalité. L’IA, comme toute autre technologie, est donc un outil au service de cet objectif.
L’IA permet d’automatiser des tâches répétitives, d’améliorer la prise de décision, de rendre les processus plus efficaces, et de réduire les coûts opérationnels. Dans un monde où les marges sont de plus en plus serrées, une entreprise qui ne cherche pas à exploiter ces technologies pour augmenter ses profits se place dans une situation de vulnérabilité par rapport à ses concurrents. Par conséquent, il ne s’agit pas de savoir si l’IA sera intégrée, mais plutôt quand et comment elle sera déployée.
Les entreprises n’adoptent pas la technologie par idéal, mais par strict nécessité économique. Elles cherchent des solutions pour améliorer leurs performances, réduire leurs coûts et répondre à un marché de plus en plus compétitif. Le vrai enjeu ici est d’identifier quels processus et postes seront affectés, et comment les collaborateurs peuvent évoluer avec ces changements pour continuer à apporter de la valeur à l’organisation.
Les changements technologiques du passé : déjà vu, déjà vécu
L’impact de l’IA sur l’organisation du travail n’est pas sans précédent. Au fil de l’histoire, chaque avancée technologique majeure a modifié les processus de production et, par conséquent, les structures d’emplois. Prenons l’exemple du téléphone. Avant son invention, les entreprises dépendaient de méthodes de communication beaucoup plus lentes et coûteuses. L’introduction du téléphone a accéléré les échanges, amélioré l’efficacité, mais aussi éliminé certains emplois, comme ceux des télégraphistes. De même, l’arrivée du courrier électronique a permis de remplacer une grande partie de la correspondance physique, bouleversant encore le paysage de l’emploi. Et je ne parle pas ici des changements apportés par la mécanisation. Selon moi, l’IA n’est pas une énième révolution. Je vais laisser ce types d’annonces au marketing chargé de vous vendre l’idée que vous risquez de manquer le train si vous ne monter pas rapidement à bord… Non, pour moi, l’IA n’est qu’un nouvelle étape de la révolution industrielle démarrée au 19ième siècle. Une forme plus avancée de mécanisation du travail et ce dans absolument tous les domaines.
Chaque fois, ces évolutions ont permis aux entreprises de réaliser des économies substantielles et d’augmenter leur rentabilité. Cependant, elles ont aussi conduit à une disparition d’emplois dans des secteurs qui n’étaient plus nécessaires, ou qui étaient devenus obsolètes. La logique commerciale reste inchangée : améliorer l’efficacité des processus, c’est maximiser les profits. Et si la réduction des coûts passe par une réduction des effectifs, alors cela devient une décision économique.
Le travail et le profit : une relation symbiotique
Dans l’optique de l’entreprise, chaque collaborateur doit générer un profit, que ce soit directement ou indirectement. Cela signifie que chaque poste, chaque fonction au sein de l’organisation est évaluée en fonction de sa contribution à l’objectif global de rentabilité.
Certains employés participent directement à la livraison de produits ou services. Ce sont les collaborateurs qui assurent la production, la vente, ou le service client. D’autres, cependant, apportent une valeur indirecte en soutenant les opérations internes, en améliorant les processus, ou en contribuant à la gestion. Quel que soit le poste, l’objectif reste de maximiser la rentabilité de l’entreprise.
L’introduction de l’IA permet de repenser la manière dont ces rôles sont exercés. Par exemple, un assistant virtuel comme Copilot peut automatiser de nombreuses tâches administratives, ce qui permet à un collaborateur de se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée. Mais ce type de transformation n’est pas sans conséquences. Les tâches répétitives et routinières qui ne créent pas directement de valeur peuvent être automatisées, et cela signifie que certaines fonctions devront évoluer ou disparaître.
L’impact de l’IA sur les emplois : un phénomène inévitable mais modulable
Il est important d’accepter une vérité incontournable : l’introduction de l’IA dans les processus de travail va effectivement entraîner la disparition de certains emplois. Cependant, cela n’est pas nécessairement plus grave que les bouleversements engendrés par d’autres révolutions technologiques. Si l’on compare l’IA aux changements provoqués par la mécanisation dans les secteurs du transport et de la logistique, l’impact immédiat sur l’emploi semble relativement modéré. Ce qui fait perdre massivement des emplois, ce sont aussi des décisions politiques et commerciales, comme le délocalisation de la production vers des pays à bas coûts. Ces choix ont des conséquences directes sur l’emploi local, souvent beaucoup plus importantes que l’impact de l’IA.
Cependant, il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de transformation des technologies émergentes. L’IA est avant tout un outil qui soutient des stratégies commerciales. Elle permet d’optimiser des processus, mais elle ne constitue qu’une partie de la logique commerciale plus large. La vraie question n’est donc pas « Est-ce que l’IA va faire disparaître des emplois ? » mais plutôt « Comment l’IA va-t-elle être intégrée dans la recherche de profits pour l’entreprise ? »
L’intelligence collective et l’intégration de l’IA : préserver les savoir-faire et maintenir la compétitivité
L’un des enjeux majeurs de l’intégration de l’intelligence artificielle dans le monde du travail réside dans sa capacité à renforcer et non à remplacer l’intelligence collective des collaborateurs. L’intelligence collective, c’est cette forme de savoir partagé, d’échanges d’idées et de compétences, qui permet à une organisation de mieux s’adapter aux défis du marché. Elle est essentielle pour préserver les savoir-faire au sein d’une entreprise tout en lui permettant de rester compétitive dans un environnement en perpétuelle évolution.
L’intelligence collective, c’est avant tout l’idée que plusieurs têtes valent mieux qu’une. Elle permet aux employés de se compléter, de partager leurs connaissances et de résoudre des problèmes complexes ensemble. Lorsque l’on parle de « connaissances tacites », ces savoir-faire qui ne sont pas forcément documentés mais sont le fruit de l’expérience personnelle, l’intelligence collective permet de les conserver et de les transmettre entre les membres de l’équipe. C’est là que l’IA intervient, en apportant une aide précieuse dans cette dynamique.
Une entreprise responsable face à l’IA
Une entreprise qui adopte l’IA ne le fait pas uniquement pour améliorer ses profits à court terme. Elle cherche à être plus compétitive, à répondre plus rapidement aux besoins de ses clients, et à s’assurer un avenir durable. Cependant, cette quête de rentabilité doit s’accompagner d’une réflexion sur la manière dont les collaborateurs peuvent s’adapter à ces nouvelles technologies.
Pour survivre à cette évolution, les employés doivent comprendre que l’IA, tout comme toute autre technologie, peut être utilisée pour augmenter leur efficacité. L’objectif n’est pas de remplacer les individus, mais de les aider à se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. En ce sens, il est crucial que les collaborateurs adoptent une mentalité proactive, qu’ils se forment à l’utilisation de ces technologies et qu’ils proposent des améliorations pour rendre les processus encore plus rentables.
Cela nécessite une culture d’entreprise basée sur la remise en question constante des processus. Les feedbacks ne doivent pas seulement être perçus comme des évaluations de performance, mais comme des occasions de réinventer les méthodes de travail. Cela aidera à identifier les meilleures façons d’intégrer l’IA dans les processus existants et de garantir que chaque collaborateur continue de contribuer à la rentabilité de l’entreprise. Mais cela nécessite également une curiosité des collaborateurs pour explorer les moyens de participer à l’amélioration et aux changements.
The only skill that will be important in the 21st century is the skill of learning new skills.Everything else will become obsolete over time. – Peter Drucker (1909-2005)
Conclusion : Une entreprise ne jette pas son employé, mais l’optimisation est la clé
En conclusion, il est indéniable que l’IA aura un impact sur le travail dans les entreprises. Cependant, cette évolution fait partie d’un processus plus large de transformation technologique. Les entreprises, pour rester compétitives et rentables, chercheront à intégrer des technologies comme l’IA, mais elles ne le feront pas au détriment de leurs employés s’ils continuent à générer du profit.
La question n’est pas « Est-ce que l’IA va faire perdre des emplois ? » mais plutôt « Comment les employés vont-ils s’adapter et participer à l’amélioration des processus ? » La réponse réside dans la capacité de chaque collaborateur à évoluer, à se former et à proposer des solutions pour rendre l’entreprise plus performante. Car, au bout du compte, une entreprise n’a d’autre obligation que de maximiser ses profits, et ceux qui l’aident à y parvenir resteront des atouts précieux dans ce grand jeu économique alors pourquoi voudriez-vous qu’elle se sépare de ses atouts? 😉