Cet article est un des rares que vous me verrez écrire ou poster. Mes choix politiques m’appartiennent et restent dans le secret de l’isoloir. Tout comme mes choix religieux restent chez moi. Merci de respecter ce cadre et de voir dans cet article une simple réaction, non pas à l’élection du 47ième Président Américain mais plutôt aux critiques faciles, sans engagement de plus en plus de mes concitoyens Français et depuis peu Canadiens.
Depuis toujours, l’Europe et les États-Unis ont une relation d’interdépendance fascinante, mais aussi un rapport compliqué d’observation mutuelle et de critiques incessantes. Si l’on se concentre sur la politique américaine, la critique est devenue un sport européen. Trop souvent, on entend des voix s’élever pour commenter et parfois dénigrer les choix politiques faits par les Américains. Mais la réalité est que les États-Unis sont une démocratie fonctionnelle, et que c’est aux citoyens américains – eux seuls – de déterminer le cap de leur pays. Nous pouvons bien avoir des opinions sur des personnages comme Donald Trump, mais la décision d’accorder ou non son pouvoir ne revient qu’au peuple américain.
Ce jugement constant que l’on porte sur les autres sert finalement de miroir à nos propres contradictions. Pourquoi est-il si facile de critiquer les autres ? Parce que cela permet d’éviter de regarder ce que l’on doit faire chez soi. L’Europe elle-même a bien des défis à relever, des défis auxquels seuls les Européens peuvent répondre, en agissant et en prenant des décisions au lieu de se reposer sur des critiques lointaines. C’est un phénomène universel : détourner l’attention des décisions et responsabilités personnelles en pointant du doigt les choix des autres.
Une Europe administrative qui peine à inspirer
Si l’Europe elle-même peine à incarner un rêve pour ses citoyens, ce n’est pas en raison d’un manque de potentiel. Des initiatives comme Erasmus+ en sont la preuve : elles ouvrent des portes pour découvrir le monde et initier de réelles transformations. Pourtant, cette Europe dynamique, source d’opportunités, reste dans l’ombre. En revanche, la bureaucratie européenne, avec ses déménagements annuels de Bruxelles à Strasbourg et ses coûts exorbitants, prend le devant de la scène.
L’Europe se complaît dans une structure de gouvernance qui alterne tous les six mois, chaque pays membre prenant tour à tour la présidence de l’Union. Si le concept semble noble, il devient ingérable dans la pratique. Comment peut-on inspirer avec un projet européen où la direction et le visage de la politique changent sans cesse ? Ajoutez à cela que près de la moitié des pays membres sont aujourd’hui dirigés par des gouvernements qui, bien que démocratiquement élus, se montrent hostiles à certains aspects de l’idée européenne. Ainsi, tous les six mois, il est probable que l’Europe soit représentée par une figure peu engagée pour son projet d’unité. Cette incohérence de leadership mine la crédibilité de l’Union et dilue sa capacité à représenter un véritable idéal collectif.
L’Europe : un rêve européen aux mains des citoyens
Finalement, l’Europe est bien plus que des décisions administratives. Elle est entre les mains de ses citoyens. Ce sont eux qui décident, eux qui votent. Chaque acte du quotidien, qu’il s’agisse de consommer, de se nourrir, d’éduquer ses enfants, est un acte de vote. Pourtant, combien de citoyens européens sont réellement impliqués dans ces choix ? Plutôt que de blâmer des décisions qui nous échappent, comme celles des États-Unis avec Trump, nous devons nous recentrer sur notre démocratie, nos choix et nos actions. Les Américains ont fait leur choix en fonction de leur réalité. À nous de nous concentrer sur les nôtres.
Un exemple marquant : en 2002, la France, pays marqué par la Seconde Guerre mondiale et les horreurs du fascisme, s’est retrouvée face à un duel Chirac-Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. La surprise fut totale, surtout pour les Américains qui observaient cette élection. J’étais à Los Angeles, dans un lounge d’Air France, lorsque des Américains interloqués m’ont demandé comment une figure d’extrême droite, aux discours bien plus radicaux que ceux du Rassemblement National actuel, avait pu atteindre une position aussi élevée dans une démocratie européenne.
Agir plutôt que critiquer
Cette anecdote illustre parfaitement le besoin de recentrer nos énergies sur nos propres actions. Plutôt que de blâmer les choix des autres, concentrons-nous sur ce que nous pouvons véritablement changer. En fin de compte, chaque citoyen a la responsabilité d’agir dans sa propre sphère pour construire le monde qu’il souhaite. Pour reprendre les mots de Kamala Harris : Do something.